Finalement c'est avec un peu d'appréhension que nous avons rouvert nos portes....S'adapter, encore et toujours, ça demande de l'énergie, beaucoup d'énergie, de la réflexion, des nuits agitées et des journées perturbées. Changer les règles, encore, jouer avec des cartes inconnues, rebondir, réinventer.....pour aller où ?
Alors, le 11 mai, quand on nous a donné le feu vert, après 2 mois passés dans une bulle de calme et d'inaction, mes sentiments ont été plein de paradoxes. Quand 2 mois avant la fermeture m'avait assommée, tétanisée, me donnant l'impression que j'allais devoir laisser glisser sur moi des journées vides de sens, finalement....j'ai réalisé que j'avais réappris à vivre. Pendant le confinement, J'ai pris du temps pour ma maison, mes garçons, mon corps, mes chevaux, mes chiens...Du temps pour écrire, lire, faire le jardin, m'asseoir dans le pré des chevaux sans rien leur demander, regarder les heures passer. Du temps à papoter au soleil avec Nikki, à réfléchir à l'avenir pour finalement décider de rester dans le présent. Du temps sans but, sans pression, juste au loin, derrière l'horizon, l'idée que se profilait un "après" un peu flou qui finalement n'était plus si urgent que ça... 2 mis pour prendre une belle leçon.
Bref. 11 mai, on attend les consignes, entre excitation de retrouver mes élèves et mon métier, ce qui me fait vibrer, et appréhension de me laisser avaler toute entière par la machine qui se remet inexorablement en marche. Le constat qu'il faudrait gagner plus, pour compenser les pertes, travailler plus donc....ou pas. Je décide donc de préparer un été serein, fluide, passionné mais pas que. Je veux aussi conserver les acquis de ces deux mois de réaprentissage de la vie.
Et si tout ça était une chance ?
Alors on réfléchit, on s'adapte, je lance la grande machine de la créativité dans ma tête. Toutes les pièces du puzzle ne sont pas encore en place, mais il y aura de la réservation en ligne, car je ne veux plus me diviser en deux tout l'été, un œil sur les élèves, un autre sur l'agenda. ça tombe bien, on doit "organiser les flux". Check.
Il y aura des journées off, je dirai non à des clients parfois. Même s'ils sont sympas, même si c'est leur dernier jour même si j'ai besoin d'argent.... Je me choisirais, moi et ma famille. Parce que je tiens à prendre soin de nous. ça tombe bien on doit veiller sur notre santé. Check.
Il y aura de l'ordre. Du matériel rangé, un sens de circulation, des cavaliers sensibilisés à e pas tout laisser traîner. ça tombe bien, on doit mettre en place des process de désinfection. Check
Et puis, même si la situation financière est moins stable, il y aura une équipe. Anais, Nikki, Julie,.... avec des réunions, de la communication, et surtout de la bienveillance. Parce que la crise n'a pas fait ressortir que le meilleur chez les humains, parce qu'on se heurte trop souvent à des gens qui semblent sourds aux messages de l'univers, parce que parfois c'est désespérant....on fera front avec nos armes : nos mots et notre foi. Montrer l'exemple autant que possible....check
Parce que je veux que mes journées aient du sens, mais aussi avoir le droit de laisser couler les heures sur moi. Parce que je veux un monde meilleur et qu'y crois toujours. Parce que je veux prendre soin des gens, des chevaux et des lieux pour montrer aux autres que c'est possible.
Et puis...parce que je veux aussi regarder mes chevaux brouter, mes radis pousser et mes enfants grandir. Je suis tellement heureuse de vous retrouver maintenant que je sais que je ne vais pas m'y perdre.
Écrire commentaire